Entreprise Delaroux

On trouve tout, à la quincaillerie Delaroux !

1925. Henri Delaroux crée la Quincaillerie Delaroux en plein cœur de la ville de Nantes, rue de l’Arche sèche (à l’emplacement actuel de la boulangerie Paul). Avec foi et ténacité. Le premier chiffre d’affaires mensuel de 57 Francs ne préfigurera pas de l’essor de l’entreprise familiale…

Le grand-père paternel de Vincent Delaroux était ébéniste, rue des Hauts-Pavés à Nantes. lire article : Facture picto-doc.jpg Comme le voulait la tradition, son fils aîné prit sa succession.

Henri Delaroux, second fils, souhaitant créer son affaire observe que les ébénistes utilisent beaucoup de matériel de quincaillerie. Assez naturellement, il a commencé, comme cela se faisait souvent, par faire un tour de France d’un grand nombre d’établissements ayant un rapport avec la profession de quincaillier.

Il crée une entreprise assurant la revente à des professionnels de fournitures de quincaillerie d’ameublement. A cette époque, les particuliers bricolaient peu, confiant leurs travaux aux très nombreux artisans. La quincaillerie est un secteur de forte concurrence, on compte jusqu’à 30 quincailliers à Nantes, les magasins de bricolage n'apparaissant que plus tardivement. 

En 1939, l’entreprise s’agrandit et déménage Place Bretagne, à l’emplacement actuel de la Tour Bretagne. Le magasin de plus de 450 m² présente une particularité architecturale étonnante : la vitrine en façade mesure 4 mètres de large et le magasin s’étend sur 100 mètres de longueur sur 7 niveaux différents !

« C’était sportif de travailler là ! » VD

Il commençait Place Bretagne et se terminait place de l'Ecluse (Cours des 50 otages), suivant la pente des marches de l'Abreuvoir. Le bâtiment datait du XVIIème siècle, vétuste et peu rationnel. Un pont intérieur avait été construit pour réunir  deux parties, on y trouvait même un puits !

Les bombardements de 1944 épargneront la quincaillerie ! Alentour de très nombreux immeubles ont été démolis.

« Même si j’étais très jeune, je me souviens des bombardements, c’était tellement impressionnant ! A chaque alerte nous nous réfugiions à notre  domicile, dans un abri creusé sous les arbres.  Ensuite, les jeux reprenaient, nous allions récupérer des éclats d'obus dans le jardin.
Mon père n’a pas fait la guerre car il avait 6 enfants et à ce titre n'était pas mobilisable. En revanche, il avait accepté d'être désigné comme otage. lire article : Courrier du Maire de Nantes picto-doc.jpg En effet, les allemands, pour se prémunir des attentats prenaient des otages, fort heureusement, aucun incident ne s'est produit durant cette période.»  VD

Dans les années 50, le magasin avait une forte réputation, un slogan s'était imposé de lui-même, « Chez Delaroux, on trouve tout » ! Sur 7 étages, il y avait un tel bric-à-brac ! L’entreprise à l'origine très spécialisée évolue, de la quincaillerie d'ameublement vers celle du bâtiment pour répondre à tous les travaux et vend, même, beaucoup de contreplaqué.

« Nous le montions à bras d’hommes dans les étages… On le recevait par 10 tonnes ! » VD

Les particuliers commencent à venir se fournir en petit matériels.  L’activité est soutenue, c’était la période de la reconstruction de Nantes, il y avait de grands besoins 

« C’était l’âge d’or de la quincaillerie. »VD

Tous les enfants Delaroux viennent, successivement, dans l'entreprise familiale, intégrant l’équipe de 5, 6 salariés. Les carrières professionnelles et la vie familiale des deux sœurs ainées les conduisent à quitter assez rapidement l'entreprise. La troisième, Françoise, à la suite d'études de commerce et comptabilité prend en charge la partie administrative. Son mariage, avec un fabricant de matériel de quincaillerie Normand, également fournisseur, lui fera quitter la région et son emploi au milieu des années 60. Vincent Delaroux, dernier enfant de la fratrie, entre dans l’entreprise en 1956, comme les autres, au grade le plus bas : chauffeur-livreur, nettoyage et rangement des rayons.

« Mon père était un commerçant exceptionnel, mais très strict avec ses enfants ! «  VD

A l’époque, il y a un premier commis, bras droit du patron et ayant toute sa confiance. S’imposer vis-à-vis de lui n'est pas très simple. Le vouvoiement est de rigueur ; pour distinguer les membres de la famille, Monsieur Delaroux c’est le père (le patron), et Vincent Delaroux est appelé Monsieur Vincent. Jusqu’à son service militaire, il est cantonné à des tâches d’exécution et fait un apprentissage en quincaillerie.

« Tout se faisait à la main et de mémoire ! » VD

Vincent Delaroux a quelques idées pour faire évoluer le magasin, il lui faudra bien de la ténacité et de la patience pour réussir à changer les pratiques professionnelles.  Dégagé des obligations militaires, il peut s’investir et gravit un à un les échelons de l’entreprise.

Bien qu’il n’ait pas passé son CAP (à cause du Service Militaire), Vincent Delaroux devient, à ses heures perdues, professeur de quincaillerie au lycée Leloup-Bouhier puis à la Chauvinière. Il y enseigne la technologie.

« C’est un épisode amusant, une expérience très intéressante » VD

En 1966, l'entreprise Delaroux, (entreprise personnelle) devient la Société Delaroux associant Henri Delaroux père à ses deux fils Henri et Vincent promus directeurs commerciaux Lire article : M. Delaroux et ses deux fils une famille de commerçants dynamiques. picto-doc.jpg

1967, un deuxième magasin, d’un tout nouveau type, est créé sous l’enseigne Delaself, le libre sevice du bricoleur Lire article : Delaself inauguré rue de l'Arche Sèche picto-doc.jpg Un libre-service, où une quinzaine d’employés apprennent à conseiller les clients, à les orienter et les laisser se servir… C’est l’un des premiers magasins de bricolage à être en libre-service en France. Il n’y avait que deux caisses mais plus de 700 clients y passaient les meilleurs jours. Les files d’attente aux caisses s'étiraient jusqu’au fond du magasin ! Quelques années auparavant, les hypermarchés alimentaires avaient vu le jour. Mais en matière de bricolage, c’était une véritable révolution.

« Place Bretagne, nous étions, encore, en blouse grise, derrière un comptoir, où les clients nous demandaient ce qu’ils voulaient. Le vendeur devait interpréter la demande et lui trouver l’article, rangé dans des tiroirs. Il y avait 25 000 références dans le magasin ! Mon père avait un énorme cahier avec ses tarifs écrits à la main… Alors imaginez la différence  avec un magasin en self-service »VD

Voir : le photocopieur des années 60 :  copie de lettre livre picto-doc.jpg, Presse de copie de lettre picto-doc.jpg et l'ordinateur des années 60 (calculatrice mécanique) picto-doc.jpg

L’idée du self-service est venue à Vincent Delaroux lors d’une session de formation où étaient présentées les pratiques commerciales américaines et anglaises: les Do-It-Yourself (DIY) étaient monnaie courante dans ces pays.

« L’ouverture de ce magasin a été très suivie. Banquiers, responsables commerciaux, institutionnels, représentants des  Syndicat professionnels, tout le monde s’est précipité pour voir ce magasin d’un nouveau type ! Nous avons même reçu la visite de japonais venus  prendre des photos ! Les quincailliers, eux, nous prédisaient un avenir bien sombre en nous répétant : ça ne marchera pas ! » VD Lire article : Delaself : royaume du bricoleur picto-doc.jpg

Leur principal argument était la technicité du métier, ces détracteurs avait simplement oublié l’évolution du packaging et de la PLV (Publicité sur le Point de Vente), qui étaient parfois bien plus détaillés et renseignés que ne pouvaient l’être les vendeurs du magasin !  

Mais à l’époque, le succès est au rendez-vous !

« Je reconnais que c’était un peu irrationnel d’installer un self-service de bricolage, de grande surface, en plein centre-ville… Mais mon père ayant acheté les locaux de la rue de l’Arche Sèche  en prévision d’un déménagement du magasin de la Place Bretagne, frappé d’expropriation, nous voulions les utiliser sans attendre… » VD


Les locaux, rue de l’Arche Sèche, ont d’ailleurs toute une histoire. Ancienne maison de roulage pour le transport de marchandises en charrettes. Les chevaux venaient, sous chaque voute s’abreuver dans des auges en granit. Par la suite, un grossiste en alimentaire s’y est installé. Des gros sacs de grains, de café ont envahi l’espace. Monsieur Henri Delaroux (père) a acheté ces locaux mais les a laissés inoccupés plusieurs années.



En 1969, le magasin de la Place Bretagne est transféré à Talensac Lire articles : Petite histoire d'un grand déménagement picto-doc.jpgDelaroux tient le centre ville picto-doc.jpg pour s’installer sur une superficie de 1200 m². Une partie est consacrée à un libre-service, l’autre étant un magasin traditionnel. Mais Talensac est également le nid d'une nouvelle activité « Import/Export ». Un confrère de St Nazaire, prenant sa retraite, a vendu à la société Delaroux une activité commerciale de vente de tringles de rideaux en aluminium de fabrication Suisse (vendues, notamment, aux Chantiers de l’Atlantique et équipant les TGV).Ensuite, des tringles de rideaux classiques ont étoffé l’activité, et leur distribution s’est organisée auprès des décorateurs. Aujourd’hui, les tringles sont importées de Chine et écoulées principalement dans des solderies. Lire : publicité Tringles Madison picto-doc.jpg

La progression du chiffre d'affaire est assez considérable : Il double tous les trois ans. Lire article : La quincaillerie Delaroux à Nantes double son chiffre d'affairetous les 3 ans picto-doc.jpg

La répartition du travail entre les deux frères s’est faite assez naturellement, l’un, Henri plus administratif a son bureau à Talensac et Vincent, de tempérament plus commercial, siège rue de l’Arche-Sèche. Des soucis de santé d’Henri l’immobilisent souvent mais l’entente entre les deux frères est excellente ! De 5 à 6 employés, l’entreprise a compté jusqu’à plus de 50 personnes (toutes activités confondues) !

« Dans une PME, il faut savoir tout faire ! Ne surtout pas se croire le Seigneur du château ! La veille de l’inauguration d'un nouveau magasin, par exemple, c’est moi qui ai nettoyé les vitrines ! » VD

Vincent Delaroux s’investit à fond mais déjà ses envies d’engagements associatifs se font jour (cf onglet vie associative) => redirection vers onglet)

Une autre initiative originale nait dans l’esprit des deux frères Delaroux : organiser à Nantes, le premier salon du bricolage. Lire les articles : Bricoleurs vous avez votre salon picto-doc.jpgLe salon du bricolage : une formule d'initation aux loisirs picto-doc.jpg

Bien soutenu par la Mairie de Nantes, organisé au Champ de Mars (à l'emplacement de la Cité des Congrès et du CIO actuel) c'est un succès incontestable ! Lire : lettre du Maire de Nantes picto-doc.jpg L'espace d'un week-end, l'entrée sud de la ville de Nantes est inondée de bricoleurs venus faire salon ! Les fournisseurs n’en reviennent pas et l’impact national sur l’image des magasins Delaroux est très important !

« On a eu tellement de visiteurs, que nous avons bloqué les accès de Nantes » VD 

1973, une grande année : L’entreprise Delaroux sort de la ville en créant Bricoravi  Lire les articles : Ouverture de Bricoravi picto-doc.jpg, un premier magasin périphérique Lire article : A Bricoravi... picto-doc.jpgRoute de Vannes (à l’emplacement actuel de Bazar Avenue). 1500 m² en libre-service, portant au nombre de 3 les magasins de la société Delaroux « 3 magasins, 3 enseignes, 3 façons de servir picto-doc.jpg Ne souhaitant pas nommer ce nouveau point de vente « Delaroux » Henri et Vincent  organisent un concours pour choisir un nom : Bricoravi, sera retenu et l'inventeur récompensé par une petite voiture électrique de loisirs. Les débuts sont très bons, mais malheureusement, une dizaine d’années plus tard, un autre magasin de bricolage s’installe juste en face ! Point de vente d’un groupe national : Il pouvait se permettre des pertes financières importantes, il n’en était pas de même pour une entreprise familiale.

« A cette époque, j’étais Président du Syndicat National du Bricolage et dans le Conseil d’Administration, siégeait le Directeur Général du groupe concurrent ; Je l’ai incité à nous spécialiser sur des segments de bricolage complémentaires afin de fournir, aux consommateurs, une offre plus complète . Ma proposition étant restée lettre morte, je décide de fermer mon magasin… Et coup de théâtre : la veille de la fermeture, notre concurrent ferme son établissement !  Il n’y aura plus de magasin de bricolage route de Vannes pendant plusieurs années. » VD

L'entreprise Delaroux s'est toujours distinguée par l'originalité de ses communications et de ses  animations commerciales : La quinzaine des ingénieux, l'opération Déluge avec RTL, Les 400 coûts, Les conseils de 50 spécialistes, un massacre épouvantable, etc... Lire documents : "la quinzaine des ingénieux" picto-doc.jpg + photo Monsieur Delaroux père picto-doc.jpg + photo opération déluge picto-doc.jpg + Les 400 coûts qui secouent le marché du bricolage et du jardinage picto-doc.jpg + "les conseils de 50 spécialistes" picto-doc.jpg+ Article succès fou… les prix massacrés picto-doc.jpg

1978 est une année douloureuse. Le courage et le combat contre sa maladie n’auront malheureusement pas suffit.  Henri Delaroux (fils) s’éteint laissant seul aux commandes son frère Vincent. C’est également à cette époque que l’entreprise Delaroux prend un virage en adoptant l’enseigne GEMO qui deviendra ensuite Domaxel  Lire article : Chroniques économiques picto-doc.jpg + photo des magasins enseigne GEMO picto-doc.jpg , puis maintenant Weldom regroupant les adhérents de Sapec pour développer une image nationale.

« Malgré le changement d’enseigne et d'assortiment, depuis plus de 25 ans , de nombreux  clients nous appellent toujours quincaillerie Delaroux ! » VD

Lire article : Ets Delaroux « s’adapter aux évolutions » picto-doc.jpg

L’entreprise se développe toujours bien, mais Vincent Delaroux commence à s’engager très fortement dans des nouvelles responsabilités nationales (PDG de SAPEC, Président du Syndicat National du Bricolage).

Il confie alors à son épouse toute la gestion des ressources humaines et le volet social de l’entreprise. Une lourde tâche dont Madame Delaroux  s’acquitte avec brio, jusqu’à prendre la Direction Générale de l’entreprise Delaroux dans les années 1990. Lire article : « Delaroux SA le défi du centre-ville » picto-doc.jpg lorsque Vincent Delaroux est élu Député.

A cette même époque, les deux fils de Vincent Delaroux Lire article Vincent Delaroux passe le relais picto-doc.jpg après avoir fait leurs armes, l’un dans un commerce nantais d’une grande enseigne nationale, l’autre en Afrique, rejoignent l’entreprise et en prennent rapidement la Direction.

« J’ai voulu leur transmettre rapidement et totalement les pleins pouvoirs, afin  qu’ils puissent diriger seuls l’entreprise. S’ils avaient besoin, ils pouvaient – et peuvent toujours d’ailleurs – me demander conseil. Mais désormais, ils sont aux commandes du navire ! » VD

L’entreprise Delaroux se transmet de père en fils… Les futurs dirigeants sont peut-être parmi les 10 petits enfants de Vincent Delaroux… L’avenir le dira !